carrière Mature
certaines des œuvres de la maturité de Flaubert traitaient de sujets sur lesquels il avait essayé d’écrire auparavant. À l’âge de 16 ans, par exemple, il acheva le manuscrit des Mémoires d’un fou, qui racontait sa passion dévastatrice pour Elisa Schlésinger, de 11 ans son aînée et épouse d’un éditeur de musique, qu’il avait rencontrée en 1836. Cette passion ne lui a été révélée que 35 ans plus tard, alors qu’elle était veuve. Elisa a servi de modèle au personnage de Marie Arnoux dans le roman L’Éducation sentimentale., Cependant, avant de recevoir sa forme définitive, cet ouvrage devait être réécrit en deux versions intermédiaires distinctes en Manuscrit: Novembre (1842) et un avant-projet intitulé l’Éducation sentimentale (1843-45). Étape par étape, il a été élargi en un vaste panorama de la France sous la Monarchie de juillet-lecture indispensable, selon Georges Sorel, pour tout historien étudiant la période qui a précédé le coup d’état de 1851.,
la composition de La Tentation de Saint Antoine fournit un autre exemple de cette ténacité dans la recherche de la perfection qui a fait que Flaubert se remettait constamment à travailler les sujets sans jamais se satisfaire des résultats. En 1839, il écrit Smarh, le premier produit de son ambition audacieuse de donner à la littérature française son Faust. Il reprit la tâche en 1846-49, en 1856 et en 1870, et publia finalement le livre sous le titre La Tentation de Saint Antoine en 1874. Les quatre versions montrent comment les idées de l’auteur ont changé au cours du temps., La version de 1849, influencée par la philosophie de Spinoza, est nihiliste dans sa conclusion. Dans la deuxième version de l’écriture est moins diffuse, mais la substance reste la même. La troisième version montre un respect du sentiment religieux qui n’était pas présent dans les précédentes, puisque dans L’intervalle Flaubert avait lu Herbert Spencer et réconcilié la notion Spencérienne de l’inconnu avec son spinozisme. Il en était venu à croire que la science et la religion, au lieu de s’opposer, sont plutôt les deux pôles de la pensée., La version publiée constituée d’un catalogue d’erreurs dans le domaine de l’Inconnu (tout comme Bouvard et Pécuchet devait contenir une liste des erreurs dans le domaine de la science).
de novembre 1849 à avril 1851, Flaubert voyage en Égypte, Palestine, Syrie, Turquie, Grèce et Italie avec Maxime Du Camp. Avant de partir, cependant, il voulut terminer La Tentation et la soumettre à son ami le poète Louis Bouilhet et à du Camp pour leur opinion sincère. Pendant trois jours en septembre 1849, il leur lut son manuscrit, qu’ils condamnèrent ensuite sans pitié., « Jetez tout dans le feu, et ne le mentionnons plus jamais. »Bouilhet a donné d’autres conseils: » Votre Muse doit être gardée sur du pain et de l’eau ou le lyrisme la tuera. Écrivez un roman Terre-à-terre comme les parents pauvres de Balzac. L’histoire de Delamare, par exemple. . . . »
Eugène Delamare était un médecin de campagne en Normandie qui est mort de chagrin après avoir été trompé et ruiné par sa femme, Delphine (née Couturier). L’histoire, en fait celle de Madame Bovary, n’est pas la seule source de ce roman., Un autre est le manuscrit Mémoires de Mme Ludovica, découvert par Gabrielle Leleu à la bibliothèque de Rouen en 1946. Il s’agit d’un récit des aventures et des malheurs de Louise Pradier (née d’Arcet), l’épouse du sculpteur James Pradier, tel que dicté par elle-même, et, outre le suicide, il présente une forte ressemblance avec L’histoire D’Emma Bovary. Flaubert, par bonté autant que par curiosité professionnelle, avait continué à voir Louise Pradier quand les « bourgeois” l’ostracisaient comme une femme déchue, et elle devait lui donner son étrange document., Pourtant, quand des curieux lui demandèrent qui servait de modèle à son héroïne, Flaubert répondit: « Madame Bovary, c’est moi. »Dès 1837, il avait écrit Passion et vertu, une histoire courte et pointue avec une héroïne, Mazza, ressemblant à Emma Bovary. Pour Madame Bovary, il a pris une histoire banale d’adultère et en a fait un livre qui sera toujours lu en raison de sa profonde humanité. En travaillant sur son roman, Flaubert écrit: « Mon pauvre Bovary souffre et pleure dans plus d’une vingtaine de villages de France en ce moment même., »Madame Bovary, avec son objectivité implacable—par laquelle Flaubert entendait l’enregistrement impartial de chaque trait ou incident qui pourrait éclairer la psychologie de ses personnages et leur rôle dans le développement logique de son histoire—marque le début d’une nouvelle ère dans la littérature.
Madame Bovary a coûté à l’auteur cinq ans de dur labeur. Du Camp, qui avait fondé la Revue de Paris, le pressa de se hâter, mais il ne le voulut pas., Le roman, sous-titré Moeurs de province, parut par tranches dans la Revue du 1er octobre au 15 décembre 1856. Le gouvernement français a ensuite traduit l’auteur en justice sur la base de la prétendue immoralité de son roman, et il a échappé de peu à la condamnation (janvier–février 1857). Le même tribunal a déclaré le poète Charles Baudelaire coupable du même chef d’accusation six mois plus tard.,
pour se rafraîchir après sa longue application au monde terne de la bourgeoisie dans Madame Bovary, Flaubert a immédiatement commencé à travailler sur Salammbô, un roman sur L’ancienne Carthage, dans lequel il a mis son histoire sombre de la fille D’Hamilcar, Salammbô, un personnage entièrement fictif, sur le fond historique authentique de la révolte des mercenaires contre Carthage en 240-237 Sa transformation de L’enregistrement sec de Polybe en prose richement poétique est comparable au traitement de Shakespeare du récit de Plutarque dans les descriptions lyriques D’Antoine et de Cléopâtre., Une pièce de Théâtre, Le Château des cœurs, 1904, écrite en 1863, ne fut imprimée qu’en 1880.