Diderot sur la nature de l’autorité politique (1751)

Le rédacteur en chef de la Grande Encyclopédie française du XVIIIe siècle, Denis Diderot (1713-1784), a ouvert le projet avec un essai contestant la nature même de l’autorité politique royale dans la France du milieu du XVIIIe siècle:

aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un don du ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir dès qu’il jouit de l’usage de la raison., Si la nature a établi une autorité, c’est le contrôle paternel; mais le contrôle paternel a ses limites, et dans l’état de nature, il prendrait fin lorsque les enfants pourraient prendre soin d’eux-mêmes. Toute autorité vient d’une autre origine que la nature. Si l’on examine sérieusement cette question, on reviendra toujours à l’une de ces deux sources: soit la force et la violence d’un individu qui s’en est emparé, soit le consentement de ceux qui s’y sont soumis par un contrat passé ou assumé entre eux et l’individu à qui ils ont accordé l’autorité.,

Diderot marchait entre les censeurs autoritaires de son temps qui soutenaient la doctrine du droit divin des rois, et ses partisans libéraux parmi les aristocrates et certains membres du gouvernement qui soutenaient le programme de réforme des encyclopédistes. Une façon d’éviter les censeurs était de se faufiler dans la critique politique du régime dans des articles anodins sur la géographie comme sur « suisse” où ils pouvaient louer les actions de Guillaume Tell qui a tué ses oppresseurs avec son célèbre arc et sa flèche., De temps en temps, il était plus direct, comme dans cet essai sur  » L’autorité politique « dans lequel il défendait l’idée du” consentement des gouvernés « (une demande fondamentale des démocrates) tout en dénonçant l’idée que  » la puissance rend juste. »Il pensait que la plupart des gouvernements européens avaient acquis leur pouvoir par la violence, qu’il appelait « usurpation », et que les opprimés” se débarrasseraient un jour de leur joug  » et qu’ils seraient justifiés de le faire. Diderot est mort 5 ans avant que le peuple français ne fasse cette chose dans sa révolution de 1789., Il n’aurait pas été surpris et les aurait probablement soutenus, compte tenu de ce qu’il a dit dans cet article.

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